La recherche halieutique à l'Ifremer

Avec l’approche écosystémique des pêches (AEP), le champ d’étude de l’halieutique s’est considérablement élargi en dépassant la (simple) interaction entre une dynamique de stock et une dynamique de flottille. Ainsi,

* on reconnaît l’importance de structures et fonctions dans l’écosystème dont dépend le renouvellement des ressources exploitées (une exploitation durable dans un océan sain) ;

* on s’intéresse aux effets écosystémiques de la pêche (habitats et réseaux trophiques en particulier), à tous les forçages (climatiques et anthropiques de toute nature) qui influencent la dynamique des systèmes dont dépendent les ressources. Cela conduit à élargir le champ des activités humaines qui doivent être considérées, en interaction avec les ressources halieutiques et leur exploitation, dans un contexte de globalisation des filières et des marchés des produits de la mer.

 L’approche écosystémique est porteuse de plusieurs développements majeurs relatifs à :

- la dimension spatiale, car la mise en œuvre est régionale sur certains espaces particuliers ; de plus les progrès dans l’observation des systèmes biophysiques et sociaux permettent de caractériser les processus clés déterminant la configuration spatiale des systèmes socio-écologiques marins ;

- la dimension humaine, avec l’intégration progressive des connaissances relatives aux dynamiques économiques et sociales et la mise en avant d’approches participatives, avec pour but la recherche de compromis entre différents objectifs d’évaluation ;

- la dimension écologique, car la pêche impacte non seulement les espèces ciblées mais aussi des espèces non-ciblées, la diversité génétique intra-spécifique, la biodiversité au sein de chaque écosystème, les réseaux trophiques et le fonctionnement des écosystèmes ;

- une science de la complexité pour l’intégration des connaissances et l’observation intégrée des socio-écosystèmes, ouvrant la voie aux travaux sur la durabilité (“sustainability science”).

  L’impact des autres facteurs d’altération de la biodiversité que sont les différentes facettes du changement global telles que le changement climatique, les pollutions (y compris l’eutrophisation), les espèces invasives, la dégradation des habitats liée aux aménagements littoraux et côtiers, vient renforcer les besoins de compréhension des fonctionnalités de la biodiversité à toutes les échelles (individus, habitats, populations et communautés) et des interactions dynamiques entre le vivant et son environnement aussi bien physique que biologique.

 La planification spatiale des usages maritimes vient renforcer la mise en œuvre de scénarios de gestion spatialisés considérant des contraintes extérieures au secteur de la pêche. La recherche halieutique voit donc son champ d’étude s’élargir considérablement à différentes échelles d’organisation biologique (individu, population, communauté et écosystème), et socio-économique (flottilles, entreprises intégrées, filières et marchés, communautés littorales, autres usages). De nouveaux champs se développent : observation intégrée, recherches en génétique, physiologie, écophysiologie, connectivité/structure des populations, écologie des communautés et compréhension des réseaux trophiques, production d’outils d’évaluation multi-spécifiques ou multidimensionnels, intégrant notamment la cartographie, la multi-modélisation de systèmes complexes, la production de scénarios, les démarches transdisciplinaires de recherche collaborative, etc.