La sélectivité

La sélectivité vise à ne sélectionner que ce que l’on souhaite pêcher afin d’épargner les poissons de petite taille ou sans valeur commerciale. Elle peut être intraspécifique (sélection de la taille au sein d’une même espèce) ou interspécifique (séparation entre espèces).

La sélectivité constitue un des outils pour développer une activité de pêche durable, mais elle n’est pas limitée à des dispositifs technologiques (amélioration d'un engin existant ou utilisation d'un nouveau type d'engin plus sélectif). Elle peut aussi être améliorée par des fermetures de zones, par exemple, pendant une saison durant laquelle juvéniles ou reproducteurs sont abondants ; c’est ce que les scientifiques appellent la sélectivité "spatio-temporelle".

La sélectivité concerne tous les types d’engins de pêche, de la ligne au chalut. Une ligne peut capturer des espèces ou des tailles différentes en fonction de l’appât ou de l’hameçon utilisé. Le chalut, lui, est comme une passoire dans laquelle s’effectue un tamisage et donc un tri : les plus gros individus sont capturés tandis que les plus petits passent à travers les mailles. Mais tous les poissons ou crustacés qui y entrent n’ont pas les mêmes chances d’en réchapper. Leur taille, leur forme, leur comportement augmentent ou diminuent ces chances. Cela signifie que, sur un même lieu de pêche, pour un même maillage et pour des individus de même taille, la sélectivité est différente d’une espèce à l’autre. En effet, la sélectivité de la maille ne dépend pas seulement de sa dimension et de son ouverture mais également d’un ensemble de facteurs physiques et dynamiques liés à la structure du filet, à la nature du fil, ainsi qu’à un ensemble de paramètres biologiques propres à une espèce.

Différents dispositifs sont étudiés pour rendre les chaluts plus sélectifs, tels que :

 

  • une grille souple avec des barreaux circulaires dont l’espacement est adapté à l’espèce ciblée (adapté du système utilisé pour éviter les captures de tortues dans les pêcheries tropicales)
  • un panneau de mailles carrées ou un cylindre intégré dans la partie arrière d’un chalut
  • un panneau ou cul de chalut en T90
  • des grands maillages dans la partie avant du chalut
  • une nappe séparatrice qui divise le chalut en 2 compartiments superposés et qui permet d’adapter la sélectivité en fonction des espèces présentes dans chacun des compartiments
  • le radial escape section ou RES qui tient compte des différences de comportement entre les  espèces (notamment poissons et crevettes) et par un obstacle placé à l’intérieur du chalut oblige les poissons à s’échapper à travers un cylindre de mailles carrées
  • des pingers, systèmes qui émettent des signaux acoustiques pour éloigner les cétacés

 

 

 

 

 

Des voies complémentaires sont explorées :

 

  • l’utilisation des engins dormants : lignes, nasses, casiers
  • la détection acoustique qui permet d’évaluer, avant capture, la nature et la taille des espèces rencontrées et donc de décider de mette ou non l’engin en pêche

 

La sélectivité des engins de pêche et en particulier des chaluts est fondamentale pour préserver les ressources marines. Par ailleurs, l’amélioration de la sélectivité peut avoir une influence sur bon nombre d’autres critères qui contribuent à une activité de pêche durable. En effet, l’augmentation des mailles ou l’amélioration de leur ouverture par différentes techniques de montage va générer des économies de carburant en diminuant la traînée des chaluts. Cette diminution de traînée permet d’alléger les bourrelets ou de diminuer la taille des panneaux de chaluts, et donc, de limiter l’impact sur les habitats benthiques. Le tri sur le fond plutôt que sur le pont diminue les manipulations des captures et, les volumes de captures étant inférieurs, limite l’écrasement ou les frottements grâce à l’échappement de certaines espèces (par exemple le chinchard) qui peuvent en abîmer d’autres, améliorant ainsi la qualité de ces dernières.

Les changements de pratiques de pêche en évitant les zones et les périodes où les espèces et les tailles non-désirées sont abondantes constituent également un moyen d’améliorer la sélectivité sans modification de l’engin.

Epargner les individus non-désirés (capturés et rejetés), surtout les juvéniles, permet d’améliorer l’état des ressources et donc des captures futures. La diminution quasi inévitable des débarquements (et donc du chiffre d’affaires) dans le court terme (avant que les bénéfices sur le stock se fassent sentir) fait partie des éléments à prendre en compte lorsque l’on veut améliorer la sélectivité.

 

 En savoir plus sur :

Les travaux d'Ifremer sur la sélectivité

Sélectivité, un des outils d'une pêche durable (2007)

Vidéo :

Techniques innovantes pour une pêche durable