Suivis aériens du thon rouge en Méditerranée
Les campagnes scientifiques de chalutage ou d’acoustique mis au point pour les poissons démersaux et les petits pélagiques sont inopérantes sur les thonidés du fait de leur très large distribution spatiale et de leurs hautes capacités migratoires. Pendant de nombreuses années, la seule source d’information scientifique indépendante des pêches, sur ces espèces, provenait des campagnes de marquage. En conséquence, l’évaluation du thon rouge repose très largement sur les données de pêche, en partie biaisées, et sur des indicateurs de certaines pêcheries.
Pour améliorer la précision du diagnostic scientifique, il faut donc à la fois améliorer la qualité des données de pêche et obtenir plus d’informations indépendantes des pêches, ce que permettent les suivis aériens, développés depuis une dizaine d’années. Cette technique, mise au point pour suivre les populations d’oiseaux, est fondée sur la détection de bancs de thons à partir d’une trajectoire fixe, reprise plusieurs fois par an et sur plusieurs années. Le principe est de suivre un nombre relatif de bancs de poissons (et non pas le nombre absolu), afin d’estimer, après x années, une tendance qui pourra être indicatrice de celle de la biomasse.
L’Ifremer a initié ce type de suivi scientifique entre les années 2000 et 2003 dans le cadre du projet européen « STROMBOLI ». L’objectif était donc d'élaborer un indice d’abondance du thon rouge dans le golfe du Lion et le long des côtes italiennes de la mer Tyrrhénienne qui soit indépendant des données de pêche. Malgré certaines limites inhérentes à tout travail d’observation in situ, les résultats ont été encourageants et ont permis d’établir un suivi sur les thons juvéniles dans certaines zones de nourricerie.
Par ailleurs, les campagnes de suivi aérien ont également permis d’améliorer notre compréhension de la dynamique spatiale du thon rouge. Une étude récente a ainsi montré que les thons rouges se concentrent sur les zones frontales, notamment celles générées par le panache du Rhône.
L’Ifremer a repris ce type de suivi aérien en 2011, en se basant sur le protocole scientifique élaboré dans le cadre de STROMBOLI. Le protocole prévoit 80 heures de suivi aérien par an, réparties sur les deux périodes principales de présence du thon rouge dans le golfe du Lion, à savoir avril-mai et septembre-octobre.
Par ailleurs les résultats de marquage électronique de thon rouge menés par l’Ifremer permettent de mieux comprendre le comportement du thon dans la colonne d’eau et donc de mieux estimer la probabilité de détection des thons par avion, ce qui permet d’améliorer la qualité de l’indice d’abondance obtenu grâce à ces survols aériens.
Par le biais de cette opération, l’Ifremer obtiens donc une information scientifique directe sur le thon rouge permettant d’améliorer l’évaluation de ce stock.
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