L'aquaculture pourra-t-elle un jour remplacer la pêche ?

Depuis un demi siècle, on assiste à un essor sans précédent de l’aquaculture mondiale. Poissons, Mollusques, Algues et Crustacés sont produits en grandes quantités grâce à des techniques d’élevage très diversifiées qui vont de l’élevage extensif sans apport de nourriture à l’élevage intensif incluant le recyclage et le traitement de l’eau .

En ce qui concerne l’aquaculture de poissons (pisciculture), il faut savoir qu’elle est principalement pratiquée en eau douce (85%) et que les principales espèces élevées (carpes, Tilapias, Silures…) sont essentiellement herbivores. La pisciculture marine, beaucoup plus récente, ne représente aujourd’hui que 10% de la production piscicole mondiale. Une espèce, la Sériole, a longtemps assuré la quasi totalité de la production aquacole marine jusqu’à ce que l’on commence, dans les années 1980, à maîtriser la reproduction et les premières étapes du cycle biologique d’espèces comme le saumon, le bar, la daurade, le turbot ou l’esturgeon. Depuis, le nombre d’espèces élevées n’a cessé d’augmenter, passant de 17 en 1980 à 75 en 2009.

Cependant contrairement aux espèces continentales, les espèces marines se nourrissent d’autres poissons et pour les élevages de poissons carnivores, le problème n’est peut-être pas aussi simple. Ces espèces ont besoin de protéines animales dans leur alimentation. Celles-ci leur sont apportées par la farine et les huiles de poissons fournies par la pêche minotière. Actuellement, il faut entre 2,5 et 5 kg de poissons sauvages pour produire 1 kg de poisson d’aquaculture. Plus de 30 millions de tonnes de sardines, d’anchois et autres petits pélagiques sauvages sont transformés en farine et en huile pour les élevages de poissons marins. La pression sur ces poissons pélagiques est très forte et on peut s’inquiéter de la durabilité de ces stocks et du risque de déséquilibre des écosystèmes.

Actuellement la pisciculture marine concerne surtout les espèces à haute valeur commerciale et pour certaines espèces, l’élevage a déjà quasiment remplacé la pêche (9 saumons consommés sur 10 et 1 bar produit sur 2 sont des poissons d’élevage). Pour les autres espèces, il faudra attendre que les études actuellement menées augmentent encore le taux de protéine et huile végétales dans l’alimentation aquacole et propose des solutions pour adapter les poissons marins d'élevage à ce type de nourriture. Ceci devrait permettre de réduire dans l’avenir, l’impact de l’aquaculture sur les pêcheries et de compléter la pêche par des apports aquacoles de plus en plus importants.

Légende photo : bassins d'élevage de turbots