La sélectivité des engins de pêche est-elle le seul moyen de réduire les rejets ?

Tous les poissons capturés ne sont pas consommés ! Les pêcheurs en rejettent toujours une partie à la mer. A cela plusieurs raisons : les poissons sont inférieurs à la taille réglementaire, ils sont sous quota et le quota est déjà atteint, ils font partie d’une espèce protégée, ou encore ils ne sont pas appréciés des consommateurs et par conséquent ne sont pas proposés à la vente. Mis à part les coquillages, crustacés et quelques requins qui ont quelques chances de survie après capture, en général le poisson est mort quand il est rejeté en mer. C’est pourquoi, depuis plusieurs années maintenant, les gestionnaires de la pêche tentent de réduire les captures indésirables qui participent au prélèvement global sur la ressource.

Réduire au maximum les captures indésirables par des moyens sélectifs performants et valoriser les rejets inévitables sont deux objectifs de la nouvelle Politique Commune des Pêche qui sera mise en place en 2013. En fait, les technologistes des pêches n’ont pas attendu pour travailler sur la sélectivité des engins de pêche. Ainsi ont-ils déjà développé, pour les chaluts, des dispositifs fonctionnant selon deux principes de base : la différence de taille ou de morphologie des individus ou bien la différence de comportement des animaux face à l’engin de capture. La technique utilisant la différence de morphologie est la plus simple à mettre en œuvre. Il s’agit de faire un tri mécanique en utilisant la taille et la forme des mailles d’un filet (mailles carrées, T90), ou bien en utilisant un tamis plus ou moins rigide (grille). Ce genre de dispositifs sera efficace pour séparer les juvéniles des adultes d’une même espèce, ou bien des crustacés d’espèces beaucoup grosses (crevettes/tortues). La technique jouant sur le comportement des animaux est plus difficile à mettre en œuvre. Elle prend en compte le fait que certaines espèces cherchent à fuir vers le haut (églefin, merlan) et d’autres vers le bas (certains poissons pélagiques). On utilisera alors un engin muni d’une nappe séparatrice ou d’une fenêtre à mailles carrées.

Cependant l’amélioration de la sélectivité des chaluts a ses limites. Il est pratiquement impossible de séparer des espèces de tailles, de morphologie ou de comportement similaires présents dans les mêmes zones. C’est le cas des morues et des merlans ou encore des jeunes lottes et des poissons plats adultes. Il est donc nécessaire de compléter ces dispositifs technologiques par une sélectivité "spatio-temporelle" qui consiste à fermer des zones pendant une saison durant laquelle les espèces que l’on cherche à éviter sont abondantes, ou d'améliorer d'autres techniques existantes pour les rendre économiquement rentables sur les espèces recherchées tout en restant très sélectives (casier à langoustine, nasse à poisson). Les technologistes y travaillent !