Pourquoi les méduses prolifèrent-elles périodiquement sur notre littoral ?

Pêcheurs ou plaisanciers relatent périodiquement d'importantes concen- trations de méduses sur le littoral méditerranéen ou atlantique. Ils les observent vivantes, flottant en surface ou entre deux eaux, mortes sur le fond, colmatant les filets, gênant la pêche, dépréciant la qualité du poisson, voire entraînant la rupture des filets. On les retrouve quelques temps après, échouées sur les plages.

Cette prolifération peut être dû à :

  • la concentration reproductive à la faveur des courants. En effet, si les méduses ne peuvent se réunir en nageant activement comme les poissons, elles peuvent néanmoins migrer verticalement et profiter ainsi de courants de surface ou de profondeur.
  • la fécondité accrue dans les zones où la nourriture est abondante et la survie des larves meilleure. C'est le cas notamment dans les zones littorales au printemps ; cette prolifération peut être sensible notamment aux phénomènes d’eutrophisation qui est le processus par lequel des nutriments s'accumulent dans un milieu
  • l'influence des facteurs physiques et chimiques sur le phénomène de strobilisation par lequel la larve des grandes méduses se transforme en une petite anémone qui se fragmente par la suite en de multiples petites méduses. Ce phénomène est dû au stress provoqué par des variations de température mais peut-être aussi par la pollution.

On est souvent tenté d’invoquer une prolifération que l’on attribue à la pollution. Si cette dernière n’est pas à exclure, il convient cependant d’être prudent. Les blooms de méduses sont souvent un phénomène naturel, se produisant chaque année, voire plusieurs fois par an. Ce phénomène est connu dans le golfe de Gascogne au printemps et en automne mais aussi au sud de la Grande Bretagne où il se produit en général de mai à septembre. Il a été aussi observé, dans le sud des USA et en Afrique de l'Ouest. Dans ces régions, le phénomène a pu être mis en relation avec les systèmes d'upwelling côtiers qui sont des remontées d'eau associées aux régimes météorologiques à certaines saisons. Invoquer systématiquement la dégradation de l'environnement pour expliquer l'origine des proliférations de méduses est hautement hasardeux.

En Méditerranée, ce type de phénomène a été étudié à la station zoologique de Villefranche-sur-mer à partir d'une très longue série de données : les premières observations de blooms de méduses signalés datent de 200 ans (1802). Une étude, basée sur la période 1875-1986, a permis de mettre en évidence des cycles de prolifération selon une périodicité d'environ 12 ans. Les périodes 1908-1913 et 1982-1985 ont été les plus suivies sur l'ensemble du bassin méditerranéen.

Ces proliférations semblent associées à des régimes anticycloniques importants et en général précédées de périodes de sécheresse, de haute pression atmosphérique et de températures élevées. En Méditerranée, certaines proliférations de méduses peuvent être liées à l'installation d'un régime de vents de sud-est au cours des semaines précédentes, ramenant les méduse en zone côtière.

Il n'y a aucun moyen de lutte connu contre ces invasions mais l'expérience montre que ces blooms disparaissent en quelques jours aussi vite qu'ils sont apparus et il y a tout  lieu de penser que tout rentre dans l'ordre de manière naturelle dans un délai de quelques jours à quelques semaines.