Autres campagnes d'observation

A coté des campagnes d'abondance rodées qui ont lieu tous les ans avec des outils d'observation classiques, Ifremer organise des campagnes plus expérimentales mettant en oeuvre des moyens d'observation originaux. En voici deux exemples :

La campagne Langolf

Le programme Langolf TV est porté par le Comité National des Pêches Maritimes et des Elevages Marins (CNPMEM) en partenariat avec l’Ifremer et avec le soutien financier de FFP (France Filière Pêche) et de la DPMA (Direction des pêches maritimes et de l'aquaculture). Il consiste à évaluer la faisabilité d’une évaluation du stock de langoustine du golfe de Gascogne par vidéo sous-marine, en procédant au décompte du nombre de terriers dans lesquels vivent les langoustines. En France, la grande majorité des langoustines est pêchée sur la grande Vasière, qui s’étend sur 11 680 m2 dans le golfe de Gascogne.

Langolf TV est une campagne expérimentale d’évaluation sur deux années consécutives (2014-2015). Dans un premier temps son objectif est de réfléchir aux moyens techniques et financiers nécessaires à sa pérennisation. Les scientifiques de l’Ifremer qui travaillent en étroite collaboration avec leurs homologues irlandais du Marine Institute à bord du navire océanographique, le Prince Madog, disposent d'un traîneau vidéo pour analyser en direct les vidéos des terriers.

Dans le sillage du navire scientifique, deux navires de pêche professionnelle se relaient pour procéder à des traits de chaluts sur les zones explorées. Ces pêches expérimentales permettront de qualifier les observations vidéo et de disposer des compositions en sexe et en taille de la population, indispensables pour tout diagnostic quantitatif.

Le survol des thons rouges

Les campagnes scientifiques de chalutage ou d’acoustique mis au point pour les poissons démersaux et les petits pélagiques sont inopérantes sur les thonidés du fait de leur très large distribution spatiale et de leurs hautes capacités migratoires. Pendant de nombreuses années, la seule source d’information scientifique indépendante des pêches, sur ces espèces, provenait des campagnes de marquage. En conséquence, l’évaluation du thon rouge repose très largement sur les données de pêche, en partie biaisées, et sur des indicateurs de certaines pêcheries.

Pour améliorer la précision du diagnostic scientifique, il faut donc à la fois améliorer la qualité des données de pêche et obtenir plus d’informations indépendantes des pêches, ce que permettent les suivis aériens, développés depuis une dizaine d’années. Cette technique, mise au point pour suivre les populations d’oiseaux, est fondée sur la détection de bancs de thons à partir d’une trajectoire fixe, reprise plusieurs fois par an et sur plusieurs années. Le principe est de suivre un nombre relatif de bancs de poissons (et non pas le nombre absolu), afin d’estimer, après x années, une tendance qui pourra être indicatrice de celle de la biomasse.

 

 

L’Ifremer a initié ce type de suivi scientifique entre les années 2000 et 2003 dans le cadre du projet européen « STROMBOLI ». L’objectif était donc d'élaborer un indice d’abondance du thon rouge dans le golfe du Lion et le long des côtes italiennes de la mer Tyrrhénienne qui soit indépendant des données de pêche. Malgré certaines limites inhérentes à tout travail d’observation in situ, les résultats ont été encourageants et ont permis d’établir un suivi sur les thons juvéniles dans certaines zones de nourricerie.

Par ailleurs, les campagnes de suivi aérien ont également permis d’améliorer notre compréhension de la dynamique spatiale du thon rouge. Une étude récente a ainsi montré que les thons rouges se concentrent sur les zones frontales, notamment celles générées par le panache du Rhône.

 

L’Ifremer a repris ce type de suivi aérien en 2011, en se basant sur le protocole scientifique élaboré dans le cadre de STROMBOLI. Le protocole prévoit 80 heures de suivi aérien par an, réparties sur les deux périodes principales de présence du thon rouge dans le golfe du Lion, à savoir avril-mai et septembre-octobre.

Par ailleurs les résultats de marquage électronique de thon rouge menés par l’Ifremer permettent de mieux comprendre le comportement du thon dans la colonne d’eau et donc de mieux estimer la probabilité de détection des thons par avion, ce qui permet d’améliorer la qualité de l’indice d’abondance obtenu grâce à ces survols aériens.

Par le biais de cette opération, l’Ifremer obtiens donc une information scientifique directe sur le thon rouge permettant d’améliorer l’évaluation de ce stock.