DIRAPEN

Etude de semis du Pétoncle Noir en Rade de Brest en vue d'une diversification de la pêcherie de coquillages

Contexte et objectif

La  pêche des coquillages à l'aide de dragues existe en Rade de Brest depuis le début du 20ème siècle. Cette activité inscrite dans l'histoire de la rade est pratiquée aujourd'hui par 55 navires. Les principales espèces pêchées sont la Coquille Saint-Jacques (plus de 200 tonnes sur la saison 2013/2014) et la Praire (plus de 100 tonnes sur la saison 2013/2014). La Rade de Brest présente également une particularité écologique intéressante : elle abrite de nombreux habitats spécifiques, dont les bancs de maërl (Lithothamnium corallioides). Ce qui a justifié le classement de la moitié de sa superficie en zone Natura 2000.

Le comité départemental des pêches du Finistère, conscient des enjeux autour du maërl, a d’ailleurs lancé une étude sur les interactions spatiales en Rade de Brest entre les trois principaux métiers de dragues à bivalves (coquilles, praires et pétoncles) et les bancs de maërl.

Parallèlement, les professionnels sont également confrontés à des problèmes de contamination des coquilles Saint-Jacques (Pecten maximus) par l’ASP interdisant la pêche de cette dernière depuis deux ans. Le pétoncle noir (Chlamys varia) présente quant à lui, l'avantage d'éliminer très vite la toxine ASP a contrario de la coquille Saint-Jacques. En outre, la drague utilisée pour pêcher les pétoncles noirs n'a pas de dents, contrairement à la drague à praires et induit donc une interaction moindre avec les fonds. Par ailleurs, le pétoncle noir vit fixé sur des débris coquilliers et autres supports, ce qui réduit d’avantage les interactions avec l’habitat « maërl ». Tester des semis de pétoncles est donc totalement conforme aux orientations du DOCOB Natura 2000 de la rade de Brest. Par conséquent, la pêche du pétoncle noir à la drague en Rade de Brest a été retenue comme piste de report intéressante pour la pêcherie de coquilles Saint Jacques en cas de contamination ASP.

Dans les années 1970, la pêcherie du pétoncle noir produisait environ 700 tonnes en Rade de Brest contre 70 tonnes pour la saison 2013/2014. Un report d'activité de pêche sur cette espèce ne peut être envisagé qu'avec un soutien au stock du pétoncle noir. L'abondance de pétoncle noir présente dans les années 1970 laisse supposer que la Rade de Brest offre de nombreuses niches écologiques favorables permettre un développement important de cette espèce.

 (c) Florian Breton / écloserie du Tinduff

Déroulement du projet

L'objectif du projet DIRAPEN (2015-2017) consiste donc à semer des naissains de pétoncles noirs (produit à l’écloserie du Tinduff) sur différentes zones expérimentales en Rade de Brest et suivre l’évolution des densités et de la croissance jusqu’à la récolte. Plus précisément, les différentes phases du projet sont :

  • la recherche des zones favorables au développement du pétoncle en Rade de Brest (Printemps 2015)
  • l'ensemencement de ces  zones en naissains produits par l’écloserie du Tinduff (Juin 2015)
  • le suivi des densités et de leur croissance au cours du temps (2015-2017).

Les deux premières phases ont été réalisées avec succès. Trois sites ont été choisis au cours du printemps 2015. Il s’agit des sites suivants : l’anse du Roz, la baie de Roscanvel et le banc de Kerdrein. Ces sites ont fait l’objet, en plongée, d’une description préalable de l’habitat afin d’évaluer leur potentiel pour recevoir des semis de pétoncles. Une attention particulière a été portée sur la présence d’attraits au fond (Coquilles et Cailloux). Ainsi, le site de Roscanvel a été choisi car riche en attraits naturels (huitres plates et crépidules), le site du Roz a été enrichi fortement en attraits (coquilles d’huitres creuses adultes) pour tester un ensemencement en forte densité et le site de Kerdrein, plutôt pauvre en attraits, a été laissé tel quel pour servir de témoin.
Conformément au protocole prévu, les semis de pétoncles ont eu lieu fin mai sur 1 hectare dans chaque site à raison de 50 pétoncles par m2 pour le site du Roz (site dit « à haute densité ») et de 30 pétoncles par m2 pour les deux autres sites.
Le suivi de ces semis sera opéré jusqu’en 2017 et se fera en plongée le long de transect de 50 m sur lesquels seront comptés une quarantaine de cadrats par zone. Sur chaque quadrat, les plongeurs réaliseront les travaux suivants :

  • Estimation du nombre de pétoncles vivants et morts
  • Observation des prédateurs potentiels (étoile de mer, crabe, poisson)
  • Prélèvements de pétoncles pour réaliser histogrammes de taille et courbe de croissance
  • Réalisation de photos ou vidéos à chaque grande étape des opérations

Un rapport intermédiaire sera disponible courant 2016 et le rapport final est prévu pour 2017.

Partenaires
  • Comité Départemental des Pêches Maritimes et des Elevages Marins du Finistère (porteur)
  • Coopérative maritime L’écloserie du Tinduff/EDF (partenaires)
  • Ifremer (prestataire)

 

Financement et budget global

le cout total du projet est de 97 050 €, financé à 80% par France Filière Pêche et à 20% par le CDPMEM29 et EDF.

Durée

La durée du projet est de de 34 mois (décembre 2014 - septembre 2017)

 

Coordination au sein d'Ifremer

Stéphane Pouvreau, Ifremer/Argenton